Les chiffres des accidents de la routes en Tunisie sont alarmants et c'est le moins que l'on puisse dire. Entre le 1er janvier et le 08 août 2017, la Tunisie a enregistré 808 morts sur ses routes. 47% des victimes sont des jeunes âgés de 19 à 35 ans.
Une lecture dans les statistiques de l'ONSR : beaucoup de morts
L'Observatoire National de la Sécurité Routière ONSR a publié les derniers chiffres, le bilan des accidents de la route en Tunisie arrêté au 08 août 2017. Voici ce qu'il en ressort :
- 808 morts sur les routes en moins de 8 mois, alors que l'année 2016 s'est terminée avec 809 morts (en 12 mois). Le chiffre est alarmant. L'année 2017 risque d'être l'une des années les plus meurtrière sur les routes tunisiennes.
Ce chiffre, tel que affichés par l'ONSR, porte malheureusement à confusion, puisqu'on le présente comme le chiffre de l'année 2017 sans spécifier le nombre de mois, en essayant de mettre en avant une "fausse" baisse du nombre d'accidents en 2017.
- La vitesse excessive est la première cause d'accidents en 2017, causant le plus de morts (244 morts) et le plus de blessés ( 1342 blessés) en 8 mois. La non circulation à droite de la route est la 2ème cause des accidents mortels.
- Sur les 3931 accidents de la route enregistrés en Tunisie entre janvier et août 2017, 721 accidents (soit 18%) sont survenus au gouvernorat de Tunis, et 303 à Ben Arous. Les routes de Tunis et ses banlieues sont malheureusement les plus dangereuses du territoire national. Ce sont aussi les routes les plus chargées.
- Le mois de juillet 2017 a enregistré le bilan le plus lourd : 135 morts sur les routes nationales. Le samedi et le dimanche sont les jours les plus meurtriers de la semaine totalisant 277 morts sur 808 jusqu'au 08/08/2017.
- 31% des accidents mortels sont survenus sur les routes nationales et les autoroutes, et 21% dans des agglomérations.
Des chiffres qui font peur et des campagnes qui font rire..
J'ai longuement hésité avant de mettre ce titre, mais j'ai finalement décidé de le mettre car il reflète malheureusement la triste réalité d'aujourd'hui sur le plan de la sécurité routière en Tunisie, mais surtout des campagnes de sensibilisations sur ce thème.
Des campagnes de sensibilisation saisonnières, qui se limitent aux mois de l'été et qu'on ne retrouve quasiment plus tout au long de l'année. Pourtant, selon les chiffres de l'ONSR, les routes tunisiennes ont enregistré plus de 2800 accidents entre janvier et mai 2017, et le mois de janvier est le mois avec le nombre le plus élevé des accidents de la route. Il est temps de penser à répartir l'effort de communication sur toute l'année.
Une revue des campagnes de sensibilisation sur les dangers de la route menés par les différents acteurs nous permet de constater l'aspect très classique adopté dans la communication, le manque d'innovation, et parfois le mauvais choix du canal et de la cible. C'est ainsi que les jeunes, qui représentent près de 50% des morts sur nos routes ne sont que peu ciblés par des campagnes de sensibilisations spécifiques, alors que d'autres campagnes et actions ciblent les enfants, notamment les écoliers, pourtant de moins en moins victimes d'accidents.
Les affiches, classiques avec des messages "fades" et peu percutants, sur les routes continuent à être le choix privilégier des intervenants dans la sécurité routière. On est malheureusement loin de ce qui se passe à l'étranger (comme ici ou encore ici). Très mauvaise exploitation des réseaux sociaux pour atteindre les jeunes. Le modèle de la communication des années 80 perdure en Tunisie.
Enfin, l'inefficacité des actions et le déficit de communication se manifeste, malheureusement à merveille, dans les déclaration des responsables comme ici, par Mr Oussama Mabrouk. On peut aussi lire ce qui suit sur plusieurs sites tunisiens d'information (texte traduit de l'arabe) :
"Depuis qu'on a commencé la campagne DES VACANCES SÉCURISÉS le 27 mai et jusqu’au 20 juillet, nous avons enregistré 806 accidents, ayant engendré 223 morts et 1397 blessés ..."
Quelle efficacité pour cette campagne des vacances très sécurisées ! Pourtant, beaucoup de moyens financiers sont en jeu. Il y'a de quoi se pauser vraiment des questions ...
Un effort supplémentaire au niveau de la qualité des infographies serait aussi souhaitable.
Il est vraiment temps de changer d'approche, d'évoluer pour être plus efficace et stopper l’hémorragie des accidents de la route en Tunisie. D'ici là, un message aux jeunes et aux moins jeunes :
- Ne roulez que si vous en êtes dans vos pleines capacités : ni fatigué, ni ivre, encore moins en jouant avec votre smartphone...
- Roulez moins vite, partout : Conduire n'est pas un jeu. La vitesse tue, et pas uniquement sur autoroute.
- Portez la ceinture de sécurité : s'y habituer vous sauvera la vie.